Publié à 12h00
Professeur d’anglais depuis 2011, William Lafleur, connu sous le pseudonyme de MonsieurLeProf, a pris la décision de ne pas faire sa rentrée scolaire cette année. De mauvaises conditions de travail, la surcharge des classes, la solitude… un trop-plein qui ne pouvait plus durer
Pour la première de sa vie, William Lafleur, professeur d’anglais depuis 2011, ne fera pas sa rentrée. Du jamais-vu pour l’ex enseignant qui a toujours eu un pied à l’école. La raison est sa démission ce 1er septembre 2023. Il explique ce choix mais surtout le mal-être de la profession dans son livre « L’ex-Plus Beau Métier du monde », paru le 30 août.
Pourquoi avoir pris la décision d’écrire un livre sur le mal-être enseignant ?
Ce n’était pas vraiment volontaire de ma part. Je suis très suivi sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de MonsieurLeProf et j’ai décidé de démissionner car j’en avais assez des conditions de travail. J’en ai parlé sur mes réseaux et les gens étaient très surpris. La maison d’édition Flammarion m’a contacté pour écrire un livre à ce sujet. Au départ je me suis dit que ça n’avait pas d’intérêt et que ma démission était un sujet personnel. Mais ils ont insisté alors j’ai réfléchi. Et l’idée d’écrire un livre sur pourquoi les profs démissionnent, plutôt que moi pouvait être intéressant car cette année il manque 3 000 profs. J’ai fait un appel à témoignage sur mes réseaux et j’en ai reçu plus de 2 400 en un été. Et donc je me suis mis à écrire. Je considère que ce livre est important pour alerter la population. Les enseignants sont très contents de ce livre et il permet à la population d’aller au-delà des clichés.
Comment avez-vous vécu ce mal-être ?
Ce mal-être se traduit par plein de choses. On nous donne des missions, qui sont d’enseigner aux élèves mais on ne nous donne pas les moyens de réussir. Les classes sont surchargés et le nombre d’heures est réduit. Et après on nous dit que le niveau des élèves baissent et qu’ils sont malheureux en cours. On le sait mais ce n’est pas pris au sérieux par notre hiérarchie ni par le reste de la population. Si on veut alerter on va nous dire que nous les professeurs nous sommes des feignasses. Alors on se sent seul. Et c’est ce que j’ai essayé de détailler dans ce livre.
Qu’est-ce qui, selon vous, pourrez améliorer les conditions de travail dans l’enseignement ?
Pour moi, il y a trois manières pour faire évoluer les choses. Un meilleur salaire, pour attirer les jeunes profs et garder les anciens qui veulent partir. Les moyens, réduire le nombre d’élèves par classe et avoir de bonnes conditions d’exercices. Et le respect, bien respecter les enseignants que ce soit la hiérarchie ou la population.
Pensez-vous que le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal peut faire changer les choses ?
Déjà est-ce qu’il veut changer les choses ? Il reste le ministre d’Emmanuel Macron et donc la politique reste la même, il est un remplaçant des précédents il va faire la même chose. Là ce qu’on voit c’est qu’il a une obsession sur la manière dont s’habille les enfants à l’école qui est très loin des besoins. Il a interdit l’abaya mais qu’est-ce qu’on fait des 3 000 profs qui manquent, des 50 000 élèves en situation de handicap qui ne sont pas accompagnés et des classes surchargés ? Il n’y répond pas.
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