Publié à 10h
Depuis la crise sanitaire de 2020, les cours en distanciel se sont installés dans notre quotidien éducatif. Présentés comme une avancée incontournable, ils soulèvent aujourd’hui des doutes sur leur véritable efficacité.
Quand les écoles et universités ont fermé leurs portes en 2020, l’enseignement à distance s’est imposé comme la solution miracle. Par visioconférence ou via des plateformes d’apprentissage en ligne, élèves et étudiants ont poursuivi tant bien que mal leur formation. Quatre ans plus tard, les cours en distanciel sont devenus monnaie courante, et parfois même une norme dans certaines formations. Mais derrière cette démocratisation, des voix s’élèvent pour dénoncer ses limites et remettre en cause son efficacité.
C’est un fait : le distanciel a brisé les frontières physiques. Suivre un cours depuis une zone rurale ou un pays étranger n’a jamais été aussi simple. L’offre de formation s’est mondialisée, permettant à chacun, ou presque, d’accéder à l’éducation. Plus flexibles, souvent moins coûteux, les cours en ligne semblent cochés toutes les cases d’une modernisation réussie de l’enseignement.
Cependant, cette accessibilité cache une réalité plus nuancée. « Derrière l’écran, l’étudiant est souvent seul face à ses difficultés », explique Claire Dumont, enseignante dans une école de commerce. « L’isolement, le manque d’interaction humaine, et parfois même la difficulté à rester concentré face à un écran pendant des heures, sont des freins majeurs à l’apprentissage. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon plusieurs études, le taux d’abandon dans les formations 100 % en ligne est largement supérieur à celui des formations en présentiel. Les raisons sont multiples : démotivation, difficulté de compréhension sans l’appui direct d’un professeur, ou encore tentation de procrastiner.
« L’apprentissage, ce n’est pas seulement absorber des connaissances », rappelle Philippe Laurent, sociologue de l’éducation. « C’est aussi échanger, débattre, se confronter aux autres. Ces dimensions sont très appauvries en distanciel. » Résultat : de nombreux étudiants peinent à acquérir des compétences profondes et durables par ce biais.
Même sur le plan technique, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Une connexion Internet défaillante, un ordinateur vieillissant ou un environnement familial peu propice à l’étude peuvent transformer une expérience éducative en véritable parcours du combattant.
Face aux critiques, les défenseurs du distanciel évoquent les innovations pédagogiques : pédagogie inversée, micro-cours, outils interactifs… Pourtant, ces dispositifs peinent souvent à compenser le manque d’engagement ressenti par les apprenants. « Un étudiant peut assister à un webinaire sans réellement écouter, cliquer sur des quiz sans comprendre », note un responsable de plateforme e-learning.
Le constat est clair : sans encadrement fort, sans interactions humaines fréquentes, et sans véritable investissement personnel, les cours en ligne risquent de rester une simple formalité, loin de l’expérience éducative complète que propose le présentiel.
Pour beaucoup d’établissements, la solution semble être le « blended learning » : un savant mélange entre cours en ligne et présence physique. Le distanciel permet de transmettre les connaissances théoriques, tandis que le présentiel favorise l’interaction, l’esprit critique et l’émulation collective.
Car si la technologie a changé notre façon d’apprendre, elle n’a pas changé l’essence de l’éducation : un savoir qui se construit à plusieurs, dans l’échange et le débat.

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