Publié à 20h
Ils surgissent à toute vitesse entre les immeubles, casques à peine attachés, moteurs rugissants, parfois en pleine nuit. Les rodéos urbains, ces démonstrations sauvages à moto ou en scooter, ne sont plus de simples faits divers isolés. Une enquête nationale dévoilée cette semaine par le ministère de l’Intérieur dresse un constat inquiétant : le phénomène est en pleine expansion.
Plus de 5 200 signalements ont été recensés dans les trois premiers mois de l’année 2025, une hausse de 18 % par rapport à 2024. Et le phénomène ne se limite plus aux grandes villes. “On voit de plus en plus de cas dans des villes moyennes, voire dans des zones rurales proches des agglomérations”, explique un commissaire interrogé dans le rapport.
Dans les quartiers concernés, la colère monte. 78 % des 12 000 riverains sondés se disent inquiets pour leur sécurité. Nuits agitées, incivilités, risques d’accidents : les nuisances sont multiples. “On n’ose plus sortir le soir avec les enfants”, témoigne Fatima, habitante d’un quartier de Toulouse, où ces rodéos sont quasi quotidiens.
Les auteurs de ces rodéos sont en grande majorité des jeunes entre 14 et 25 ans, souvent sans permis, utilisant des engins non immatriculés, parfois volés. Pour beaucoup, ces démonstrations sont filmées puis diffusées sur les réseaux sociaux, où elles récoltent des milliers de vues. “C’est une forme de défi, une recherche de visibilité. Ça devient un jeu dangereux”, déplore un éducateur de rue à Marseille.
Face à cette montée en puissance, l’enquête souligne un besoin urgent d’actions. 84 % des personnes interrogées réclament des sanctions plus dures, mais aussi plus de présence policière dans les quartiers. Certains élus, de leur côté, appellent à renforcer la prévention et à développer des alternatives pour ces jeunes en rupture.
La loi anti-rodéo, adoptée en 2018, a permis des premières condamnations, mais reste difficile à appliquer sur le terrain. Le ministère promet de nouvelles annonces “dans les prochaines semaines”. En attendant, le vrombissement des moteurs continue de hanter le quotidien de milliers de Français.

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