
Le 20 septembre 2020, Pierre-Luc PĂ©richon a bouclĂ© son cinquiĂšme Tour de France. Pour la premiĂšre fois, le cycliste professionnel de 33 ans a Ă©tĂ© lieutenant dâun leader. Nous lâavons rencontrer le temps dâune interview.
Boum : Dâou est venue la passion pour le vĂ©lo ?
Pierre-Luc PĂ©richon : Le vĂ©lo câest venu de la famille, quand jâavais 5 ans, que je pouvais choisir le sport que je voulais faire. Jâavais toute ma famille qui roulait, mes parents roulaient pour le plaisir, un de mes frĂšre Ă©tait licenciĂ© en UFOLEP (Union Française des Oeuvres LaĂŻques dâĂducation Physique) au club de la centrale du Bugey et mon deuxiĂšme frĂšre Ă©tait au club dâAmbĂ©rieu-en-Bugey. Et puis moi jâai voulu faire comme tout le monde, faire du vĂ©lo, donc mes parents mon inscrit au vĂ©lo club dâAmbĂ©rieu et puis câĂ©tait parti. De fil en aiguille ça sâest un peu professionnalisĂ© et en 2012 jâai passĂ© le cap, jâai rĂ©ussi Ă trouver un contrat professionnel et depuis ça dur.
B : CâĂ©tait avec qui le premier contrat professionnel ?
P-L P : Le premier contrat câĂ©tait avec la team de La Pomme Marseille.
B : Le premier Tour de France ?
P-L P : Premier Tour de France en 2015, aprĂšs une annĂ©e un peu dĂ©cevante. En 2014, jâai eu une dĂ©sillusion, je pensais vraiment faire partie de la sĂ©lection de lâĂ©quipe Fortuneo Vital Concept. Jâai Ă©tĂ© premier remplaçant, mais finalement je nâai pas fait le Tour, donc ça a Ă©tĂ© une grosse dĂ©ception. Mais lâannĂ©e dâaprĂšs jâai rĂ©ussi Ă dĂ©crocher ma place pour le Tour.
B : Le meilleur souvenir du Tour ?
P-L P : Le premier il a quand mĂȘme Ă©tĂ© particulier, parce que câest le premier. AprĂšs chaque annĂ©e il y a des bons souvenirs, toujours une rĂ©ussite Ă un moment donnĂ©. Lâavantage sur les grands Tour avec 21 Ă©tapes, il y a forcĂ©ment un jour ou ça se passe bien et on a des souvenirs diffĂ©rents qui se forgent. Je nâai pas forcĂ©ment un meilleur souvenir sur un Tour, mais câest vrai que le premier tour il a une saveur particuliĂšre avec lâarrivĂ©e sur les Champs-ĂlysĂ©es avec la patrouille de France qui passe au dessus. Ăa câest un souvenir inoubliable.
B : Comment sâest passĂ©e lâannĂ©e 2020 ?
P-L P : Ăa a Ă©tĂ© une annĂ©e trĂšs particuliĂšre avec la situation sanitaire mondiale. Au dĂ©but on a commencĂ© Ă avoir des petites alertes, pour nous dire quâil y avait le virus, comment ça allait se passer, mais on avait pas pris la mesure de lâĂ©pidĂ©mie. Et en mars quand le gouvernement a dĂ©cidĂ© de nous confiner on sâest vraiment demandĂ© comment ça allait se passer, on ne savait pas oĂč on allait avec un confinement qui Ă©tait indĂ©terminĂ©. En terme sportif et professionnel on ne savait pas quand la saison allait reprendre, si elle allait reprendre, si les courses allaient ĂȘtre maintenues, donc on a vraiment eu un moment dâincertitude. NĂ©anmoins il fallait continuer Ă sâentraĂźner pour garder la forme, pour avoir une condition physique optimale au moment de la reprise. CâĂ©tait vraiment travailler pour rien, car au moment ou on le fait on ne connaĂźt pas du tout les tenants et les aboutissants et on ne sait vraiment pas dans quel but on le fait. Ă ce moment la je me suis dit que si on faisait une saison blanche, si il y aucune courses qui a lieux, faire 17h de home trainer par semaine pour rien sâest Ă©prouvant. Faire 17h de home trainer en regardant un mur, mĂȘme si il y a des plateformes qui existent maintenant pour faire des simulations de courses, ça ne vaut pas le vrai. Quand on fait du vĂ©lo câest parce quâon est un amoureux de la nature, parce quâon aime ça. Et la pendant deux mois, mĂȘme si il y avait des avantages, jâĂ©tais Ă la maison, alors que normalement je suis parti toute lâannĂ©e, câĂ©tait agrĂ©able. Jâai pu profiter dâune vie de famille qui est trop peu prĂ©sente habituellement et la on avait cette vie de famille, mais jâavais plus mon Ă©chappatoire.
B : Comment ça se vie sans public ?
P-L P : Il y avait un petit truc en moins, la douleur aux jambes elle arrivent beaucoup plus vite. Câest difficile Ă dĂ©finir pour quelquâun qui nâa pas lâhabitude dâaller jusquâau bout de lâeffort. Mais câest vrai que pendant un Tour normal avec lâambiance et la dynamique de lâĂ©preuve, la douleur aux jambes on la ressent quand on arrive au bus car justement il y a cette ambiance alentour. Et la câĂ©tait quand on attaquĂ© quâon sentait que ça nâallait pas durer trĂšs longtemps parce quâil y avait personne pour nous encourager, on avait pas la motivation. CâĂ©tait un peu plus dĂ©licat. AprĂšs il y a eu des endroits ou il y a eu des petites bouffĂ©es de publiques et câĂ©tait rĂ©confortant. On a eu des situations un peu anxiogĂšnes dans des dĂ©part de course, avec 3 rangĂ©es de barriĂšres pour te sĂ©parer du public. Sur un Tour de France, quand tâes partie 3 semaines câest un petit peu rĂ©confortant de voir les proches. La câĂ©tait une interdiction Ă lâhĂŽtel, interdiction dâaccĂšs aux sas de dĂ©part et dâarrivĂ©e. CâĂ©tait assez pesant.
B : Câest quoi la suite ?
P-L P : On est en prĂ©paration pour 2021, la reprise de la saison prochaine. On sait pas trop Ă quelle sauce on va ĂȘtre mangĂ©, puisque la Covid nâest pas terminĂ©e. Normalement la reprise de la saison ça doit ĂȘtre une course en Argentine pour lâĂ©quipe internationale, et pour moi ça sera sur les routes du Tour du Haut-Var fin fĂ©vrier.
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Chloé Merlet