En ce temps de crise, sâexpriment le malaise et la dĂ©fiance dâune profession Ă lâĂ©gard de son ministĂšre de tutelle. Face au nouveau protocole modifiĂ© le vendredi 12 fĂ©vrier, les syndicats dĂ©noncent la difficultĂ© pour le corps enseignant de sâadapter sans cesse Ă de nouvelles mesures.
Sans pour autant ĂȘtre Ă©quipĂ© en gel hydroalcoolique ou masque, par lâĂtat. Jusqu’ici, le protocole sanitaire prĂ©voyait que, dans le primaire et le secondaire, si un cas de variant anglais Ă©tait confirmĂ© parmi les enseignants ou les Ă©lĂšves, la classe concernĂ©e devait fermer. DĂ©sormais, il faudra trois cas positifs Ă ce variant pour entraĂźner la fermeture d’une classe.
Pour Catherine PĂ©richon, directrice dâune Ă©cole primaire Ă Lagnieu, dans lâAin, lâadaptation a Ă©tĂ© compliquĂ©. « On ne pensait vraiment pas que les Ă©coles fermeraient, ça nous est tombĂ© dessus » assume-t-elle. Quand les Ă©coles ont fermĂ© tous les Ă©lĂšves et parents se sont ruĂ©s sur lâENT de lâĂ©tablissement. Malheureusement beaucoup de parents nâont pas jouĂ© le jeu et les professeurs se sont retrouvĂ©s avec des Ă©lĂšves qui ne travaillaient plus.

MalgrĂ© ce quâa pu dire sa hiĂ©rarchie, « rien nâavait Ă©tĂ© fait pour assurer les cours Ă distance, les professeurs ont du tout inventer. » assure Catherine PĂ©richon.
Certains enseignants ont essayĂ© dâautres alternatives en mettant en place des vidĂ©os explicatives sur YouTube comme câest le cas de Salim Brigui, professeur dans un lycĂ©e Ă HĂ©nin-Beaumont. Lui aussi a eu des difficultĂ©s avec lâENT lors du premier confinement, « Câest un outil qui nâest pas fait pour accueillir autant de monde dâun seul coup », avoue-t-il. En tant que jeune professeur maitrisant les nouveaux outils il sâest servis de YouTube pour faire des vidĂ©os explicatives Ă ses Ă©lĂšves et il sâen sert encore aujourdâhui dans ses cours.

Face au nouveau changement du protocole sanitaire, le syndicat Snuipp-FSU que reprĂ©sente Alain Telleu lâincomprĂ©hension est totale. « En quinze jours, le protocole sanitaire a Ă©tĂ© changĂ© trois fois », dĂ©nonce-t-il. « Comment on peut faire pour que les directeurs et directrices sâorganisent du jour au lendemain sachant quâil nây a aucune Ă©cole identique en France. » ajoute Alain Telleu lui-mĂȘme professeur.

Depuis le 20 mars il est passĂ© par toutes les Ă©motions, en premier lieu, une phase de sidĂ©ration ensuite les enseignants se sont mobilisĂ©s et sont aujourdâhui fatiguĂ©s de devoir sâadapter Ă chaque changement. Il se dit trĂšs déçu de lâinvestissement produit par le gouvernement pour aider les Ă©coles. « On se moque de nous » conclut-il.
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Benjamin Degreve