La Fast Fashion đŸ‘—

Dans le monde, c’est 156 millions de tonnes de vĂȘtements qui sont vendus chaque annĂ©e. En Europe, la quantitĂ© achetĂ©e a pratiquement doublĂ© depuis les annĂ©es 2000. L’industrie du vĂȘtement est la deuxiĂšme la plus polluante au monde, aprĂšs celle du pĂ©trole. Il est pourtant difficile de rĂ©aliser que le contenu de notre placard peut avoir autant d’impact sur notre planĂšte. Majdouline Sbai rĂ©pond Ă  nos questions sur la Fast Fashion. 

Boum Media : Qu’est-ce que la fast fashion ? 

Majdouline SbaĂŻ : La fast fashion c’est la mode rapide. Dans les annĂ©es 80-90, le secteur de la mode et de l’habillement dans les pays du Nord a changĂ© ses pratiques et ses façons de produire et de commercialiser. On s’est affranchi des saisons, jusqu’à il y a quelques dĂ©cennies. On avait encore deux saisons, printemps-Ă©tĂ© et automne-hiver rythmaient en fait les propositions et l’offre de vĂȘtements qu’on mettait en magasin. Ă€ partir des annĂ©es 90 on a inventĂ© le rĂ©assort permanent. C’est Ă  dire le fait de remettre en rayon chaque semaine, toutes les deux semaines, des vĂȘtements nouveaux pour donner envie aux gens de racheter toujours davantage.

BM : Quel est le systĂšme de la fast fashion ? 

MS : C’est un systĂšme qui est basĂ© sur les causes que l’on appelle l’Ă©conomie linĂ©aire. Contrairement Ă  l’Ă©conomie circulaire, oĂč la rentabilitĂ© et la performance de l’entreprise fonctionnent grĂące Ă  un systĂšme qui est produire toujours plus, vendre toujours plus. Donc pour le consommateur, acheter toujours plus et jeter toujours plus. C’est vraiment un systĂšme de croissance infinie oĂč il faut s’équiper au delĂ  de ces besoins, acheter, au delĂ  de ces besoins. Il y a du gaspillage avant mĂȘme que le consommateur ai achetĂ© le vĂȘtement. Quand on produit des volumes toujours plus importants qu’on stocke des fois, ça ne rencontre pas le consommateur et donc il y a des invendus et des invendables. C’est gaspillĂ©. Il y a aussi des chutes, 15% des tissus fabriquĂ©s avant mĂȘme la conception termines en chutes de tissus, on perd des matiĂšres. Et puis aprĂšs la consommation, quand on a achetĂ© des vĂȘtements, la moitiĂ© des vĂȘtements qu’on a dans notre placard, on ne les porte pas. Mais tous ces vĂȘtements ont nĂ©cessitĂ© pleins de ressources naturelles et pleins d’un pacte Ă©cologique pour ĂȘtre fabriquĂ©. Sans parler Ă©videmment de l’exploitation de personnes, parfois dans certains pays, pour pouvoir garantir des coĂ»ts les plus bas.

BM : Quels sont les impacts environnementaux ? 

MS : Les impacts Ă©cologiques sont essentiellement due aux matiĂšres premiĂšres. C’est le polyester, donc une matiĂšre issue de la pĂ©trochimie et le coton. Si on prend bien sĂ»r le polyester, on a des Ă©missions de carbone qui sont deux fois plus importantes que celles du coton. Et on a aussi les microfibres qui vont dans l’eau au moment du lavage et qui se retrouvent dans les ocĂ©ans. C’est un vrai sujet. C’est l’Ă©quivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique qui sont ainsi l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique par an. C’est Ă©norme. 

BM : Et pour le coton ?

MS : C’est 25% des pesticides du monde qui sont utilisĂ©s juste pour la culture du coton. C’est aussi la consommation d’eau d’irrigation. On estime que l’industrie de la mode est la troisiĂšme consommatrice des eaux d’irrigation dans le monde. Donc, sachant qu’on utilise ça pour une raison non alimentaire, dans un contexte oĂč on a quand mĂȘme des pays qui connaissent du stress hydrique, et un manque d’accĂšs Ă  de l’eau potable.

BM : On est sur une exploitation totale du monde ?

SM : On a une Ă©conomie de toute façon, quel que soit le secteur qui est prĂ©datrice. DĂšs le moment oĂč on fonde un modĂšle Ă©conomique sur la croissance, dans un univers oĂč les ressources naturelles sont finies et oĂč la rĂ©silience et la rĂ©sistance des Ă©cosystĂšmes aux impacts Ă©cologiques est limitĂ©e. Vous pouvez pas jusqu’Ă  un certain seuil, ça tient, mais aprĂšs, une fois que vous perturbaient trop, ça dysfonctionne complĂštement. C’est le cas du dĂ©rĂšglement climatique et ça ne tient plus. Donc, toutes les Ă©conomies fondĂ©es sur la croissance qui est prĂ©datrice des ressources naturelles et qui est insensible aux effets sur les Ă©cosystĂšmes qui sont de plus en plus fragilisĂ©es, elle est forcĂ©ment dans l’exploitation.

BM : Il y a-t-il une prise de conscience en France ?

SM : Bien sĂ»r. D’abord, ce qui explose en France, c’est le second main, comme dans plein d’autres pays. Il y a une Ă©tude qui a Ă©tĂ© publiĂ©e. Personne n’y croyait. Qui disait qu’en 2027, le seconde main aurait dĂ©passĂ© la fast fashion. Tout le monde se disait mais non. Alors ceux qui suivaient de prĂšs, on s’est dit, oui, bien sĂ»r. Mais aujourd’hui, on peut dire que on est en train de prendre ce chemin quand mĂȘme, que le seconde main est en train de dĂ©passer la fast fashion. Donc dĂ©jĂ , il y a un attrait pour le seconde main. On consomme moins de vĂȘtements neufs. Parce qu’aujourd’hui, il y a une dĂ©fiance du consommateur qui ne sait plus Ă  valeur d’un vĂȘtement Ă  force d’avoir Ă©tĂ© bombardĂ©e de promotions absurdes oĂč on vendait un vĂȘtement pour le prix d’un sandwich. Alors qu’un vĂȘtement c’est des dizaines d’Ă©tapes, et c’est un travailleur qui a Ă©tĂ© payĂ© zĂ©ro virgule, six pour-cent du prix du vĂȘtement.

A lire et Ă  voir : Maths et Ma Team

Chloé Merlet

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